jeudi 22 octobre 2015

Carole Martinez "La terre qui penche"




Carole Martinez est née le 10 novembre, comme moi, mais pas la même année, en 1966, elle se destinait au théâtre, a été prof avant de devenir écrivaine.
Elle a publié trois livres, un vrai succès.
J'avais adoré "Le coeur cousu" une découverte, son écriture, son imagination.
Beaucoup aimé "Du domaine des murmures"
J'ai aimé "La terre qui penche" sans retrouver cet emballement qui m'avait saisie en lisant "Le coeur cousu". J'ai aimé, point.
Pour aimer ce livre, il faut rentrer dans son univers où les mots nous ouvrent des périodes de notre histoire, où les personnages peuvent être attachants ou odieux, où le conte le mêle à la réalité, lire doucement pour savourer.
Je ne suis pas certaine que ce roman puisse plaire à tout le monde, l'imagination de chacun est différente.

J'ai toujours aimé lire des bouquins qui traitaient du Moyen-Âge, à mon avis une période charnière de l'histoire , les bâtisseurs, les croyances, les joutes, les amours des seigneurs, la peste qui détruit tout et la vie qui reprend, les innovations technologiques pour de meilleurs rendements. Cette période est celle qui a ouvert la voie à la Renaissance. J'ai lu pas mal de livres écrits par Jeanne Bourin, elle savait nous passionner, nous faire aimer le Moyen-Âge.

L'histoire de Blanche, cette petite fille aux cheveux rouges, élevée par son père, sa mère est morte à sa naissance, est 
celle d'une enfant morte à 12 ans, mais est-elle vraiment morte? C'est peut-être tout simplement son enfance qui disparaît, pour laisser place à la femme. 
Cette vieille dame morte depuis des siècles raconte du fond de son tombeau l'histoire de Blanche, la sienne.
Blanche est une enfant rebelle, elle voudrait s'instruire, lire, écrire, son père ne veut pas. S'instruire était interdit aux femmes, ça ouvrait la porte à la désobéissance, aux questions, c'était ouvrir la porte au diable qui pouvait s'emparer des âmes.
Nous ne sommes plus au Moyen-Âge et pourtant il y a encore des hommes qui interdisent aux femmes de s'instruire. Trop dangereux. Les hommes sont-ils si peu sûrs d'eux?

Blanche sera promise à Aymon, le fils d'un autre seigneur, ils sont jeunes, elle a quelques années pour mieux connaître sa future famille, elle est conduite dans leur château. Un château où elle apprendra enfin à lire et à écrire, Eloi le charpentier lui dit souvent "Oh! Blanche qui saura bientôt lire."

Aymon n'est pas un enfant comme les autres, j'ai adoré ce personnage si bien décrit par l'auteure, fragile, émouvant, sans aucune méchanceté, innocent, il joue du pipeau, se réfugie dans les arbres, aime les chiens, devient un chien pour partager ses jeux avec eux. Un enfant retardé mais tellement beau, son père l'aime d'un amour infini, si vous lisez la page 173 de ce livre, vous ne pouvez pas rester insensible, une déclaration d'amour d'un papa à son fils, c'était rare à cette époque, les hommes allaient à la guerre, à la chasse, n'assistaient jamais aux naissances.

Il y a aussi la rivière la Loue qui tient une grande place dans le roman. Elle peut être meurtrière ou enjôleuse, ses méandres sont paresseux, mais peuvent être mortels. C'est là que Blanche rencontre la Dame Verte.....
La terre qui penche vers la rivière.

La douleur de grandir, rester le plus longtemps dans le monde merveilleux de l'enfance.

Un cheval qui s'appelle Bouc et qui aurait dû s'appeler Terre.

La condition des femmes à cette époque, tout au long du bouquin elle est là en filigrane.

Il y a des petits cailloux laissés là pour nous ramener vers les contes de notre enfance, nos terreurs, les petites filles en rouge, l'ogre sur son cheval, la cuisinière qui confectionne des merveilleux  gâteaux pour ses petites filles en rouge qui ne sont plus de ce monde mais qui le hantent toujours, etc.

Que dire de plus? Vous serez les seuls juges. Il m'est très difficile de vous recommander ce livre, êtes-vous prêts à rentrer dans le monde imaginaire de Carole Martinez? Je suis entrée dans ce roman et j'ai aimé, encore une fois sans ressentir l'émotion du "Coeur cousu", si vous ne l'avez jamais lu, il faut.  Bye MClaire.