lundi 5 février 2018

Anne Bert "Le tout dernier été"


J'ai lu le nom d'Anne Bert pour la première fois sur Internet, elle venait de mourir en Belgique, elle avait choisi le jour de sa mort, Atteinte de la maladie de Charcot, maladie inguérissable, tous les jours la maladie emmurait son corps un peu plus, elle voulait mourir dignement, la Belgique autorise l'euthanasie, des "passeurs" s'occupent de vous quelques mois avant la date choisie, vous téléphonent régulièrement pour vous dire que vous avez toujours la liberté de changer d'avis, ils vous accompagnent jusque la fin.
" Je viens de rencontrer mes passeurs. Ces hommes qui font désormais partie de ma vie puisqu’ils vont m’aider à la quitter.
Je les ai sentis rigoureux, exigeants, prudents. Et engagés à me tendre doucement la main. Une autre médecine qui, quand elle ne peut plus soigner le corps, se décide à soigner l’âme. »
Je connaissais très peu cette maladie, jusqu'au jour où une joueuse de mon club a annoncé que son mari était atteint, j'ai appris au cours des mois tous les ravages qu'elle provoquait jusqu'à l'issue finale. Une maladie terrible qui vous rend complètement dépendant des autres.

En lisant ce livre l'émotion nous étreint sans cesse mais Anne Bert paraît tellement sereine, ce n'est pas du tout larmoyant, tout nous amène à nous poser des questions sur la fin qui est inéluctable, faut-il nous faire soigner sans espoir? Faut-il autoriser la médecine décider à notre place?

Anne Bert a juste voulu nous faire partager ses derniers mois, ses dernières joies, une femme qui adorait la vie, aimait l'amour, ceux qui l'entouraient, son mari, ses enfants, ses amis, la douceur de la Charente Maritime, sa ville, Saintes. Elle décrit merveilleusement la nature, les petits matins, Ce n'est pas une sainte, il lui arrive d'être très en colère intérieurement lorsqu'elle voit les autres bouger, jouer au ping-pong, faire du vélo, elle a des impatiences. Le goût des dernières fois
Elle sait qu'après elle tout continuera d'exister, nous disparaissons, mais rien ne disparaît.
Le passage où elle décrit "le grand ménage" dans son bureau, dans sa chambre, est très émouvant, elle ne veut pas obliger ses proches à le faire, rentrer dans son intimité "elle prépare un voyage sans valise"

"Je n'ai pas pu me payer le luxe de me gaver de vie. Mes incapacités et ma dépendance me bouffent. Mon corps me boulotte...
Alors je baisse les bras, au propre comme au figuré, et ma douleur existentielle est indicible."

Elle restera digne jusqu'à la fin, à aucun moment elle ne critique la législation française qui interdit l'euthanasie. Nous pouvons militer pour le droit de mourir dans la dignité, nous pouvons choisir un pays qui l'autorise.

Un très beau livre lu en quelques heures mais qui restera longtemps présent dans notre mémoire. J'avais le ventre noué en le refermant. J'ai écouté "Anne wants to dance", je ne connaissais pas, elle l'écoutait en boucle.

Bye MClaire.