lundi 6 janvier 2014

"Ainsi résonne l'écho infini des montagnes" Khaled Hosseini.


J'ai lu les deux précédents bouquins de Khaled Hosseini "Les cerfs-volants de Kaboul" et "Mille soleils splendides", j'avais beaucoup beaucoup aimé les deux. J'ai un tout petit peu moins apprécié celui ci, je ne dis pas que je n'ai pas aimé, mais pour moi il se situe un peu en dessous des deux autres.

J'essaie d'analyser les raisons, sans doute le foisonnement des personnages y est-il pour quelque chose, des destins croisés, des lieux différents, je trouve que l'auteur s'est un peu éparpillé, il m'est arrivé de commencer un chapitre et de ne plus savoir de qui il était question, très brièvement.
L'auteur reste un conteur merveilleux, il arrive à nous captiver avec ses mots, son vocabulaire extrêmement riche, un peu à l'image de Yasmina Khadra.

L'histoire :

Deux enfants afghans sont séparés très jeunes, Abdullah accompagne son père à Kaboul qui voulait partir seul avec sa petite sœur Pari, Abdullah sent qu'il se trame quelque chose et il a raison, son père vend Pari à une famille très riche, l'épouse ne peut pas avoir d'enfant et son chauffeur Nabi l'oncle des enfants fait une proposition, de l'argent contre l'adoption de Pari par le couple. Pari reste à Kaboul et oublie sa vraie famille, elle est si petite. Abdullah n'oubliera jamais sa sœur, la séparation est extrêmement douloureuse, déchirante pour le petit garçon. Pour justifier son acte le père dira "couper un doigt pour sauver la main." pour que cesse la faim qui tenaille souvent les estomacs de la famille.

Pari grandira entre un père qui refoule son homosexualité, chose impensable dans ce pays et une mère qui s'est mariée pour échapper à un père autoritaire, Nila la maman finira par laisser son mari victime d'un AVC, Nabi le chauffeur s'en occupera jusqu'à la fin, elle partira pour Paris avec la petite fille, ville où elle mènera une vie pas très conventionnelle, les relations entre la mère et la fille seront souvent conflictuelles.

Des années plus tard, après la chute des Talibans, Abdullah émigrera en Californie, mais il ne cessera jamais de penser à sa sœur, quant à Pari il lui restera toujours une sensation de vide, elle comprend qu'elle a été adoptée et un indicible sentiment l'habitera, quelqu'un dans le monde pense à elle. 
Ce n'est pas un conte de fée, il y a des passages terribles, poignants, la guerre en Afghanistan a laissé des enfants infirmes, cruellement touchés dans leur chair et ce sont les passages écrits pour décrire les causes de la guerre qui nous donnera l'occasion de connaître d'autres personnages de ce bouquin.

Mon avis :

J'ai aimé sans adoré la première moitié du livre, j'ai beaucoup aimé la deuxième moitié.
C'est là que Khaled Hosseini a su me toucher.

Il décrit avec beaucoup de talent les relations quelquefois difficiles d'une mère grec avec son fils qui a décidé de travailler dans la médecine humanitaire à Kaboul, les retrouvailles à la fin de la vie de la mère sont vraiment émouvantes, il écrit les mots justes, le fils tient la main de sa mère, elle n'avait jamais voulu lui tenir la main en l'amenant à l'école, on ne montrait pas ses sentiments. Il s'effondre intérieurement en pensant à tout ce temps perdu, il comprend que de toutes les façons les regrets ne font jamais revenir personne en arrière, ce qui est perdu est irrécupérable. C'est vraiment un des plus beaux passages du livre.

La maladie d'Alzheimer d'Abdullah, le placement dans une maison spécialisée, là où les portes sont fermées à clef, ces passages ne peuvent pas nous laisser indifférents. Ma fille me raconte quelquefois les visites faites à la maison de retraite pour voir sa belle-mère qui ne reconnaît plus personne, les portes sont fermées à clef, elle revient bouleversée à chaque fois. On ne peut pas lire ces mots sans penser qu'un jour peut être cela pourrait être nous. Evidemment, j'ai fini le livre en larmes, malgré les notes d'espoir à la fin, les retrouvailles d'une famille meurtrie par une guerre et par la pauvreté qui a fait qu'un père à vendu sa fille pour que les autres puissent survivre.

Il y a aussi un très joli passage, tendre, celui où le père veut faire sortir les cauchemars de la tête de l'enfant par des gestes et des petits contes et faire entrer dans sa tête que des jolis rêves, passage typiquement oriental. L'Orient a toujours su raconter des contes.

Il y a de tout dans ce livre, de l'amour, de la lâcheté, de l'injustice et le pardon d'une fille qui a sacrifié sa vie pour s'occuper de son père, elle rêvait d'être peintre mais l'éducation afghane du père ne permettait pas l'émancipation. Khaled Hosseini a su décrire ces sentiments.

Comme je le disais plus haut ma critique est que le foisonnement de personnages fait que nous n'avons pas le temps de nous attacher vraiment à l'un deux, ce n'est pas assez fouillé.
Cela reste un très beau livre, plein d'émotion. Une histoire triste et en même temps merveilleuse. Nous apprenons aussi à connaître ce pays que nous n'aurons jamais l'occasion de visiter, les livres nous font voyager.

Bye MClaire.