mardi 11 février 2020

Amélie Antoine "Quand on n'a que l'humour..."



Quand on n'a que l'humour, à ne pas confondre avec "Quand on n'a que l'amour." mais il s'agit bien d'amour, l'amour d'un père pour son fils, l'amour déçu d'un fils pour son père.
Lorsque nous sommes des enfants nous trouvons tellement normal que nos parents nous aiment, nous les pensons forts, prêts à tout pour nous rendre heureux et c'est souvent le cas, sauf chez Edouard Bresson, fils d'un ouvrier qui bosse dans une raffinerie, mère au foyer, Edouard ne connaîtra jamais l'affection d'un père qui voulait le silence lorsqu'il rentrait chez lui et  envoyait ses enfants jouer dans la rue pour ne pas être dérangé. Edouard pense qu'il y a forcément une autre vie qui existe ailleurs.
Edouard et Jonathan deux frères liés par un drame.
Edouard a un don précieux, il sait faire rire, construire des sketchs, il sera humoriste. Il séduira Magda une voisine, aura un enfant Arthur et la gloire sera au rendez-vous, il deviendra un artiste adulé par tous, les tournées, les spectacles, Arthur verra très peu son père, pas de fêtes de famille, des cadeaux pour se faire pardonner mais ce n'est pas ce qu'un enfant attend.
Edouard perdra Magda, elle le quittera, Arthur n'ira pas voir son père sur scène, son siège réservé restera désespérément vide...
Vous lirez ce livre, une lecture addictive, je n'ai pas pu m'arrêter tant que je ne l'avais pas fini.

J'ai aimé l'écriture simple, limpide de l'auteure, sa façon tellement juste d'analyser les sentiments des personnages.
Amélie Antoine décrit très bien la vie des artistes, leur angoisse avant le spectacle, jusqu'à la nausée, leur solitude après avoir été applaudi par des milliers de spectateurs, ces gens qui veulent absolument être pris en photo avec la star, lui sourit mais a t-il vraiment envie de sourire ? Il ne faut pas décevoir. C'est pourtant sur scène que le "clown triste" est chez lui, il en a besoin. L'homme artiste est un être complexe et être parent est aussi un rôle complexe.

Edouard appelle Arthur, une fois, deux fois, trois fois, Arthur ne répond pas, pourquoi répondre à un père qui n'était jamais là lorsqu'il avait besoin de lui ?
J'ai aimé la phrase qui termine un chapitre et que nous retrouvons au début du chapitre suivant, qui ne se situe pas forcément dans la même période.
Le livre ne sombre jamais dans la caricature, il est vrai.

Selon notre vécu il nous touchera d'une façon différente. J'ai eu des parents aimants, je pense avoir su aimer mes enfants. Je comprends la difficulté d'aimer les autres lorsque tout n'était qu'indifférence dans son enfance, on peut être maladroit puisque rien n'a été transmis, mais on peut essayer d'aimer, ne pas faire souffrir.
Le roman a deux parties, l'histoire d'Edouard et l'histoire d'Arthur. J'ai eu de l'empathie pour les deux personnages.

Je ne peux que recommander ce livre, vous avez le droit de mettre un kleenex à portée de votre main pour essuyer une larme.

Bye MClaire.