jeudi 11 août 2011

JE BUTINE CE MATIN :

Je me sens en pleine forme ce matin après quelques mauvais moments, je retrouve mon énergie, l’envie de cuisiner, de briquer la maison, je vais profiter à fond de ces quelques jours de répit avant le 17 août, prochaine séance. Comme dit Christian « Maya l’abeille est de retour », il voit le chiffon de poussière virevolter, le bidon de cire est de sortie, ça sent bon le bœuf carottes, seul regret, je ne peux pas désherber le jardin qui en a bien besoin après ces jours de pluie, très dangereux de risquer une piqûre ou une coupure, je vais donc user de tout ce qui me reste de charme pour convaincre l’homme qu’il faut absolument enlever les mauvaises herbes. Il suffit de savoir demander. (J’ai su demander, Christian est entrain de s’activer.)

Je voulais aussi écrire une gazette pour vous faire partager un coup de cœur, un livre de Philippe Claudel, un petit livre de 83 pages « Le Café de l’Excelsior ». J’aime beaucoup cet auteur, si vous avez lu « Le rapport de Brodeck » vous le connaissez, un de ses meilleurs bouquins. « Le Café de l’Excelsior » est le lieu où un grand-père élève seul son petit-fils, un bistro vieillot comme il en existait avant que tout soit aseptisé, remis aux normes, un grand-père qui boit souvent avec ses clients, des clients qui passent leur temps dans cet antre à refaire le monde à leur façon, des gens simples, des mots simples. Les cartes encrassées pour jouer à la belote, le vieux torchon à carreaux pour essuyer les verres, les rideaux un peu crasseux à la porte, grand-père disait « Que les robes de mariées sont encore plus belles quand les années déposent en leurs soieries la fatigue des jours, et qu’un rideau retient parfois, en plus de la crasse, un peu des peines du monde et tous les sourires d’une vie. »
Un autre passage : « Grand-père bouclait l’Excelsior, descendait le rideau rouillé qui n’arrivait plus jusqu’au sol, et posait dessus un panneau offert par un marque de digestif « fermé pour cause de…. ». Jamais il n’écrivait la cause. « Mes gars s’en fichent, le drame pour eux, ce n’est pas la cause, c’est la fermeture. »
Pour moi ce livre est  d’une sensibilité rare, il fait remonter en nous des souvenirs profondément enfouis. Je suis la dernière génération qui peut encore faire partager à mes petits-enfants des moments des années 1950, la vie était si différente, un autre siècle. L’autre jour au téléphone Clarys posait des questions, elle voulait savoir comment vivait la tante Marie de Christian qui est morte à 104 ans, je lui décrivais sa maison sans aucun confort, sa façon de tirer les cloches à l’église avant l’installation de l’électronique, elle était si petite et menue, courbée en deux par les ans, le tablier noir qu’elle ne quittait pas, les chaussettes en laine qu’elle tricotait inlassablement pour les enfants, dans le cas où les tranchées de Verdun seraient de retour, Clarys très étonnée me disait « C’est vrai ? »  « Oui, ma puce c’est vrai. ».
La description de ce bistro d’antan, du grand-père qui exprime ses sentiments envers l’enfant avec une grande pudeur, du petit garçon orphelin qui adore cet homme et son petit paradis représenté par le bistro, les mots sont justes, je reconnais chaque geste, presque chaque endroit. J’ai adoré ce livre, lisez le, savourez le, dégustez le,  il vous enchantera.

En lisant ce bouquin j’ai repensé à une émission de télé la semaine dernière, la disparation des bistros à Paris. Un bistro du 16ème rempli d’habitués, tenu par un couple d’origine auvergnate comme souvent à Paris, le fils devait reprendre l’affaire et dans cette perspective il avait décidé de faire faire des grands travaux et de transformer le bistro en brasserie chic. Le regard d’un habitué après les travaux, un regard perdu, presque désespéré, il ne reconnaissait plus ce lieu qu’il fréquentait depuis si longtemps, le lieu de ses rencontres journalières où on se comprend presque sans parler.
Durant mes années parisiennes j’ai beaucoup fréquenté les bistros de la Motte-Picquet ou de Cambronne à la pause déjeuner, l’odeur des œufs durs mangés au coin du zinc ou celle de l’omelette cuite dans un coin du bar au moment de midi, le serveur qui nous reconnaissait et qui finissait par nous raconter sa vie,  j’ai connu cette ambiance particulière, presque rassurante, la terre tournait, mais le bistro était intemporel. Le quartier a beaucoup changé, je ne reconnais plus rien, les bistros ont disparus.
Il se passe exactement le même phénomène avec les campings, ils n’ont plus rien à voir avec ceux que nous fréquentions il y a une quinzaine d’années, chaque année l’espace caravane rétrécit pour laisser la place aux mobilhomes, ils deviennent des lieux impersonnels, les rassemblements entre campeurs sont de l’histoire ancienne. J’ai des photos de Six-Fours que je regarde quelquefois avec un brin de nostalgie, des tablées de 20 personnes pour un apéritif, les enfants couraient en toute liberté dans les allées, les parents organisaient des sorties ensemble, nous avons beaucoup ri. Un jour, de passage, nous avons voulu revoir cet endroit, quelle déception, une banque a racheté le camping pour en faire un centre de vacances. Lorsque nous amenons Clarys en vacances avec nous, je ne la quitte pas des yeux, les dangers au camping sont maintenant les mêmes que dans une ville.
J’aime le camping d’Angoulins parce qu’il a su rester un vrai camping.

Je suis contente, demain nous avons rendez-vous dans un port tout près de chez moi avec notre vieille copine et sa jumelle qui font du bateau en ce moment, un beau moment en perspective, les retrouvailles sont toujours joyeuses, cela fait du bien au moral. La mamie qui est ma voisine vient de m’apporter une pleine cagette de haricots verts frais cueillis, elle n’est pas belle la vie ? Laissons à la porte les soucis, les mauvaises nouvelles, les grincheux.

Pas certain que je puisse écrire une gazette la semaine prochaine, ce sera selon ma forme après ma séance de chimio, alors à bientôt. Bye MClaire.

Les dessins :




C’est vraiment déprimant d’écouter les infos. Je me suis mise à la recherche du louis d’or gagné à la Baule il y a 15 ans, on ne sait jamais !









Toujours DSK, il inspire encore les humoristes.