samedi 15 mars 2014

LA RECETTE MAGIQUE DE TANTE PALMA de Francisco Azevedo.



"A ceux qui sont déjà partis, à ceux qui sont ici et à ceux qui viendront encore. La famille c'est nous tous."

Je ne peux pas attendre quelques jours pour vous faire partager mon enthousiasme pour ce livre. J'ai adoré, j'ai tout aimé, pas un seul moment d'ennui, un bouquin magnifique.
Je ne connaissais pas du tout cet auteur brésilien, c'est un dramaturge, un poète, il travaille pour le cinéma et son livre est un best-seller au Brésil. Je comprends, j'espère que vous partagerez avec moi mon enthousiasme si vous le lisez aussi. "O arroz de Palma" en brésilien.
Je défie quiconque de ne pas se reconnaître dans un des passages du livre.

C'est un roman sur la famille, une belle leçon de vie et d'amour. 

Antonio a quatre vingt huit ans, il est seul dans la cuisine de sa fazenda à quatre heures du matin. Isabel sa femme dort. "Le vieil homme a la nostalgie de sa mère et de son père. Tout cela est si lointain ! Le vieil homme veut qu'on le prenne dans les bras, il veut que la cuillère vienne à sa bouche en imitant le vrombissement d'un petit avion qui approche, il veut après le bain qu'on le mette au lit avec un traversin moelleux, qu'on le borde avec un drap propre."

J'ai lu ce passage et j'étais émue à un point que vous ne pouvez imaginer, il me semblait que tout était dit.

Antonio a une famille comme nous tous, avec ses peines, ses disputes, ses réconciliations, ses ponts qui se coupent, qui se reconstruisent ou pas."Il y a des familles sucrées, d'autres plus amères"
"La famille est un plat qui, quand il est terminé, ne se répète plus jamais."

La famille est un plat difficile à préparer. Il y a beaucoup d'ingrédients. Les réunir tous est un problème - surtout à Noël et au nouvel an. Peu importe la marmite, concocter une famille exige courage, dévotion et patience."
"Très vite, vous aussi vous sentirez bon l'ail et l'oignon. N'ayez pas honte si vous pleurez. La famille est un plat qui émeut. De joie, de rage ou de tristesse."
"Attention également aux dosages. Une pincée de trop de ceci ou de cela et ça y est, c'est le désastre. La famille est un plat extrêmement sensible. Tout doit être extrèmement bien pesé, bien mesuré. Autre chose : il faut avoir la main heureuse, se montrer expert. Surtout au moment où l'on décide de mettre son grain de sel. Savoir mettre son grain de sel est tout un art. Une de mes grandes amies a raté la recette familiale uniquement parce qu'elle a mis son grain de sel au mauvais moment".
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Ses parents ont quitté le Portugal parce qu'il y avait la famine, aucun espoir, ils se sont exilés au Brésil, ont trouvé du travail dans une fazenda, les patrons sont très vite devenus des amis. 
José Costadio et Maria Romana n'ont pas d'enfant, lui a une soeur Palma qui s'est exilée avec eux. Le jour de leur mariage au Portugal, au lancer du riz, Palma a récupéré tout le riz après la cérémonie, l'a mis dans un sac et décide que ce riz serait porteur de joie, il apportera le bonheur et la fertilité. José et Maria auront quatre enfants après des années d'infertilité, Palma avait concocté une recette avec ce riz. 
Un de leurs enfants Antonio  épousera Isabel la fille des patrons de la fazenda. C'est leur histoire que l'auteur raconte.

C'est l'histoire de cette famille et de son sac de riz que nous suivons sur 100 ans.

Tout ce qu'une famille peut vivre est dans ce roman. Pour faire une famille il faut savoir réunir tous les ingrédients et Antonio y parvient, avec ses faiblesses, ses erreurs, ses errements, ses colères.
Les quatre enfants de José Costadio sont très différents, comme dans toutes les familles. Il y a Leonor qui se marie avec Sebastiao un homme un peu rustre mais gentil, elle est jalouse de son frère qui réussit, partira vivre dans un état du Brésil loin de sa famille, la verra très peu, Nicolau qui se marie avec Amàlia, il se satisfait de son sort, n'aura pas les mêmes ambitions qu'Antonio et Joaquim le bringueur qui se mariera plusieurs fois, n'arrivera pas à se fixer, c'est sa façon d'être heureux. Une famille qui se rencontre très peu mais qui se retrouvera réunie à la fin du livre chez Antonio, ils seront 96, douze tables de huit. Enfants, petits enfants, arrière petits-enfants, il y aura aussi Nuno son fils avec son compagnon Andrew arrivés de New-York et Susan la petite nièce d'Andrew qu'il élève depuis que sa soeur est morte dans un accident. 
Tout le riz sera cuisiné ce jour là.
"Vient goûter le bonheur pour voir s'il est salé comme il convient, si l'amour est prêt à être servi." 
Antonio pourra mourir en paix, sa famille était là, toute sa famille, Tante Palma est heureuse là-haut.

Le pilier du livre c'est tout de même Tante Palma, un peu artiste, un peu philosophe, toujours de bon conseil, elle sait consoler, encourager, un personnage vraiment attachant. Elle sera toujours celle qui relie tous les personnages du livre. Jamais mariée, elle aide sa belle-soeur et son frère. Elle disait qu'être célibataire n'était pas un état civil mais un état de grâce. Elle a du caractère Palma.

J'ai aimé le personnage de Bernardo, le petit-fils d'Antonio si attaché à son grand-père. J'ai aimé, enfin j'ai tout aimé. J'ai juste très envie que vous découvriez ce livre qui nous laisse un peu orphelin lorsque nous le refermons. Je l'ai caressé comme je le fais toujours lorsque j'ai aimé un roman, triste qu'il soit déjà terminé et pourtant j'ai fait durer, je lisais, je le posais pour ne pas aller trop vite.

Un vrai régal. C'est la vie, la mort, notre destin à tous, mais sans pathos, bien raconté.
"Me voici dans la cuisine allongé par terre." "Salut, je m'appelle Antonio."

Je vous le recommande vivement. Merci encore à Michèle pour son prêt, elle m'a dit "Je suis certaine qu'il te plaira, c'est pour toi, tu vas aimer." Elle ne s'est pas trompée.

Bye MClaire.