samedi 19 avril 2014



J'ai lu deux livres depuis "Muchachas", je vais commencer par vous entretenir de celui écrit par Jean-Christophe Rufin "Le collier rouge", j'ai beaucoup aimé.
C'est un petit livre, 150 pages, mais peu importe l'importance du volume, un petit livre peut être plus émouvant qu'un pavé si les situations, les sentiments sont bien décrits et qu'il nous touche profondément.
Jean-Christophe Rufin a dix vies, médecin, médecin humanitaire, diplomate, écrivain etc..
Il a choisi d'écrire des romans et il a eu raison. J'ai lu trois ou quatre livres de lui et j'ai toujours aimé ses romans, j'apprécie son style précis, quelquefois poétique, il sait nous entraîner dans cette histoire à trois personnages : Un chien, un prisonnier, un juge militaire, plus tard entrera en scène une femme et un enfant.
Le chien est le personnage principal, cet animal aboie sans cesse devant la prison, il attend son maître qui est emprisonné et qui va être interrogé par un juge militaire. Un face à face entre un homme qui vient de faire la guerre de 1914-1918 avec son chien et un militaire qui a une haute idée de la patrie mais qui veut quitter cette carrière, il est usé, il cherche à comprendre l'acte qui a amené Morlac, un paysan berrichon derrière les barreaux. 
Cet été de 1919 est caniculaire dans le Berry, ce qui donne une certaine tension aux événements.
Morlac ce paysan un peu rustre est une énigme, il lit Victor Hugo en prison et là nous commençons doucement à comprendre que la lecture peut changer un destin, il a lu Proudhon, Marx, Kropotkine.
Je connais Marx mais pas Proudhon qui est un journaliste, polémiste. Kropotkine est un théoricien du communisme libertaire (wikipédia). Jacques Morlac a de l'avance sur moi et il gardera cette avance, cela m'étonnerait que je me plonge dans leurs livres. Fermons la parenthèse.
L'énigme de l'emprisonnement est toujours présente à plus de la moitié du livre, elle se dévoilera un peu plus à chaque visite du juge militaire, lentement se met en place l'arrivée du quatrième personnage : la femme, Valentine, la maman du fils de Jacques Morlac.
Le chien est émouvant, il tient toute la place dans ce livre, mais il ne tient pas toute la place dans le coeur de Morlac.
Je ne vais pas continuer à vous raconter le bouquin, il faut tout découvrir en le lisant.

Pourquoi j'ai aimé ce livre :

Il nous décrit la terrible guerre de 14-18, nous fait comprendre à quel degré d'horreur les combattants se transforment en êtres dénués de sentiments, toute la cruauté de cette guerre tient dans le récit de J.Morlac.
Le père de ma mère a fait la guerre de 14, il avait 17 ans lorsqu'il est parti, il a été blessé aux Dardanelles, je ne sais pas grand chose de lui, des histoires familiales un peu compliquées ont fait qu'il est resté pour nous un inconnu. Il a été un des derniers poilus, à travers ce roman j'ai essayé de comprendre son attitude à son retour, les hommes revenaient brisés, silencieux ou violents.
J'ai aussi aimé Valentine qui a fait découvrir la lecture à J.Morlac. Tout un mur de sa modeste maison est tapissé de bouquins difficiles à lire, ce n'est pas de la littérature sentimentale.
J.Christophe Rufin est berrichon, j'ai habité le Berry pendant 20 ans et il décrit cette région d'une façon précise et juste. Le Berry est profondément paysan.
J'ai aimé ce sentiment de fidélité, c'est un livre sur la fidélité et sur la fraternité.

Ce livre est inspiré d'une histoire vraie, celle du grand-père d'un grand photographe Benoït Gysembergh, disparu depuis, une histoire "constituait de ces petits cristaux de vie rares".

Je vous le conseille vivement. J'ai envie d'ajouter quelque chose, je suis désolée lorsque j'entends des retraités prononcer cette parole "Je n'ai pas le temps, pas le temps de lire" Ce n'est qu'une excuse, une mauvaise excuse, vous pouvez toujours lire une vingtaine de pages par jour et vous verrez le goût de lire s'installera. Vous consacrez combien de temps à la télévision qui distille des programmes souvent insipides?
Je donne certainement un coup d'épée dans l'eau, si vous lisez cette gazette c'est que vous avez déjà le goût de lire, ce n'est donc pas vous que je dois convaincre.





Mon deuxième bouquin "L'exception" de Audur Ava Olafsdottir.

Ce nom ne vous dit sans doute rien, trop difficile à prononcer, c'est aussi l'auteure de "Rosa Candida" un beau roman lu il y a déjà quelques années, c'était l'histoire d'un jeune homme qui partait d'Islande pour l'Italie avec une bouture de rose.

Celui-ci décrit l'histoire d'un couple qui se sépare, l'homme fait son "coming out" il est homosexuel, a essayé d'aimer une femme, ils ont eu des jumeaux, mais il est tombé amoureux d'un collègue de travail qui porte le même prénom que lui. La révélation se fait à l'aube d'une nouvelle année par une nuit  polaire. Maria l'épouse ne se doutait de rien, la terre s'ouvre sous ses pieds. Elle ne se doutait pas que la dernière nuit passée avec lui allait être vraiment la dernière de sa vie conjugale
"Viens dit-il tu vas prendre froid'.
-Je ne savais pas que c'était la dernière fois.
-Quelle dernière fois?
- Que nous avons couché ensemble. Je ne savais pas qu'hier serait notre dernière nuit. J'aurais aimé le savoir que c'était la dernière fois.

J'ai eu envie de l'étrangler lorsqu'il lui répond  :
-Tu voulais avoir des enfants.
-Oui, dit-il. Pour mourir sans regret, j'avais envie d'être père.

Et elle alors qui devra tout assumer, parce qu'évidemment les enfants restent avec leur mère.
Les hommes sont souvent égoïstes, ils demandent pardon, claquent la porte, ils partent. Lui part rejoindre Floki qui l'attend dans sa voiture devant la maison.

Ce livre est une très bonne étude de moeurs, pas triste du tout, un peu mélancolique, mais il y a de l'humour lorsque intervient la voisine psy, écrivaine, nègre pour un auteur de romans policiers, elle est naine surdouée mais assume.
Evidemment tout ne se fait pas dans la joie, Maria passe par de profonds moments de chagrin, elle ne comprend pas, veut savoir, tout savoir jusqu'à se faire du mal.
Viendra le moment où elle acceptera. Maria est une rêveuse, il y avait pourtant plein de signes qui auraient pu la faire douter de la fidélité de son mari, mais elle ne voyait rien.

L'histoire se déroule en Islande, pays un peu mystérieux pour nous, l'hiver qui ne finit pas, une nature sauvage, j'aimerais bien aller en Islande. J'ai aimé la douceur de ce livre, aucune violence à l'annonce de 'l'homme qui sort du placard" comme ils disent. La fin est pleine de promesse avec l'arrivée de cette petite fille adoptée que Maria élèvera seule, sans homme mais sait-on jamais, elle est jeune et le petit voisin la lorgne...Lui ou un autre.
Autre chose, l'auteure parle beaucoup de nourriture dans ce livre, ce qui me fait dire que si un jour le voyage en Islande se faisait je partirai avec une valise pleine de boites de conserves bien de chez nous !!

J'ai lu ce livre d'une traite, bien installée dans mon relax au soleil, je n'ai pas vu passer le temps.

Bye MClaire.