dimanche 27 avril 2014

"C'est le métier qui rentre" Sylvie Testud


J'écris ma gazette et j'écoute Dominique Besnehard qui fut directeur de casting devenu producteur. Il connait bien le milieu du cinéma, Sylvie Testud a fait du cinéma le sujet principal de son roman, pas tout à fait un roman, nous sentons l'autobiographie.
Son héroïne s'appelle Sybille, actrice célèbre, elle a écrit un scénario et veut mettre en scène son film.
Pour tourner un film il faut trouver des producteurs qui eux mêmes se mettent à la recherche des fonds auprès des banques, des chaînes de télé, de mécènes et c'est là que tout se corse, l'argent étant le nerf de la guerre, peu importe la valeur du scénario, il faut que ça colle au moment, à la mode. Les ennuis commencent pour Sybille lorsqu'elle se rend à un rendez-vous avec une boite de prod tenue par un frère et une soeur, les Ceauçescou appelés aussi les Thénardier.
Son scénario leur plaît mais il faut tout changer, les trois infirmières se transforment en prostituées, il faut arriver à convaincre les trois actrices approchées pour tourner le film, nous devinons l'échec qui s'annonce et pourtant Sybille s'accroche, elle met en danger sa vie familiale, ses relations avec un compagnon adorable, deux enfants qui ont besoin de sa présence, pour aller au bout de son rêve qui se transformera vite en cauchemar.

Pour aimer ce livre il faut aimer le cinéma, sinon aucun intérêt. J'aime le cinéma, j'ai aimé le livre sans l'adorer, il ne restera pas l'oeuvre de l'année, juste un bon moment. Je l'ai lu en voiture en revenant de Paris.
Il y a beaucoup d'humour, le style de l'écriture est minimaliste mais ça fonctionne.
Sylvie Testud connaît bien le milieu du cinéma, elle en profite pour régler ses comptes tout en nuances, on devine qu'elle s'est beaucoup inspirée des personnes qui font la pluie et le beau temps dans ce milieu, tyranniques, capricieux, pingres. Elle décrit bien les névroses des actrices.
Nous spectateurs d'un film achevé pénétrons dans les coulisses du cinéma, ce n'est pas que du rêve avant d'arriver sur les écrans. L'argent domine, l'art passe après, la décision appartient aux financiers qui ne sont pas toujours les bons arbitres, de nombreux navets envahissent les écrans.
J'ai eu un peu de mal à comprendre Sybille qui accepte toutes les humiliations pour que son film se fasse. Je serais partie bien avant qu'on m'éjecte, l'équipe du film aussi est licenciée d'une manière grossière, mais je ne suis pas Sybille, je n'ai pas de scénario à proposer et je n'ai pas l'envie tenace de monter un film. J'aurais aimé qu'elle aille jusqu'au bout de sa rage, mais c'est une actrice qui a besoin de tourner, elle ne pouvait pas se griller dans ce milieu où la concurrence est rude, combien de candidats à la gloire? Combien d'élus?

Lisez si vous voulez et surtout si vous aimez le cinéma. Le livre vient de paraître, il n'est pas édité en livre de poche pour l'instant.






Justine Lévy est la fille de Bernard-Henri Lévy et d'un mannequin célèbre dans les années 70.
Ce roman a été publié en 1995. Je n'ai jamais rien lu d'elle, ni de son papa...

Je ne connaissais que le côté people de sa personne, elle était mariée avec Raphël Enthoven le philosophe devenu plus tard le compagnon de Carla Bruni qui à cette époque vivait avec le père de Raphaël, vous suivez? A la suite de la trahison elle a écrit un livre où elle n'épargnait pas sa rivale, un extrait :
""je trouvais qu'elle faisait trop la coquette, elle était avec son père mais je l'avais vue, à la plage, au café, à table, faire l'intéressante et l'innocente, minauder, draguer tous les hommes du paysage, oh comme vous êtes passionnant, ah comme vous êtes séduisant, je la trouvais belle et dangereuse avec ce visage immobile, comme sculpté dans la cire, quand elle souriait elle avait une sorte de déplacement des os qui découvraient ses dents, toutes pareilles, taillées pareilles, je la trouvais belle et bionique, avec un regard de tueuse." 
Carla a son compte.

Dans "Le rendez-vous" Justine s'appelle Louise, c'est complètement autobiographique, on devine très bien qui sont les personnages.
Louise attend sa mère dans un bar, un rendez-vous a été fixé mais Alice sa maman n'arrive pas, cette femme fantasque l'a élevée jusqu'à l'âge de huit ans, une enfance chahutée, une cohabitation difficile avec une mère qui ne détient aucun des codes d'une vraie maman. Louise a vu sa mère couchée nue par terre, shootée, en overdose, elle l'a vue se caresser avec une autre femme dans la baignoire de leur salle de bains, en déplacement à Rennes elle l'avait oubliée au square, l'avait laissée à la garde d'une autre enfant.
Louise mûrit trop vite, à huit ans elle décide de retourner vivre avec son père, dans la douceur d'un foyer beaucoup plus rassurant. Bernard-Henri Levy m'a paru beaucoup plus sympathique.

Un extrait qui résume tout le livre
 :
"Maman n'a jamais été si en retard. Et je commence à me demander si elle finira jamais par venir. Me serais-je trompée de rendez-vous ? Non, puisqu'elle a fait appeler. D'heure ? Elle a dit qu'elle arrivait. Aurait-elle un problème ? Une bêtise qui la retiendrait ? Ca oui, c'est bien son genre."

J'ai refermé le livre un peu triste pour cette enfant, comment a t-elle pu se reconstruire? C'est comme au cinéma, les coulisses de ce milieu mondain sont quelquefois des cauchemars, des briseurs de l'enfance.

Il faudrait que je lise "Mauvaise fille" là où décrit la fin de sa mère qui mourra d'un cancer, soignée par un  mandarin qui en a pris plein la "gueule", il semble que ce soit son meilleur roman, un film tiré de ce livre existe.

Bye MClaire..

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