dimanche 8 octobre 2017

Claudie Gallay "La beauté des jours"



J'ai lu quelques livres écrits par Claudie Gallay, j'avais beaucoup aimé "Les déferlantes". 
J'aime la présentation des livres d'Actes Sud, hasard, j'aime toujours les livres qu'ils publient, ils font les choix qui me conviennent.

"La beauté des jours" est un livre profondément attachant, Jeanne est attachante. J'avoue avoir été un peu perturbée par elle, sa façon de mener sa vie, faite d'habitudes, de moments précis, attendre que le train de 18h01 passe au bout de son jardin, inventer des vies aux passagers, voilà elle aime les habitudes mais rêve de rencontres improbables, c'est Jeanne.
" De l'intérieur des wagons, on devait la regarder aussi, saison après saison, une femme dans son jardin, sa maison devait faire envie, surtout maintenant, au printemps, un tel pavillon fleuri. "

Jeanne travaille à la poste, un boulot routinier qui lui convient. Elle est mariée à Remy depuis vingt ans, un homme attentionné qui ne souhaite que son bonheur mais qui l'amène tous les étés à Dunkerque alors qu'elle rêve d'autre chose, mais ne le dit pas, New-York par exemple, là où vit Marina Abramovic, une artiste plasticienne, j'ai regardé sur Internet, Marina Abramovic existe réellement, elle pratique un art qui pourrait aussi vous paraître bizarre, allez jusqu'au bout de sa résistance sous les yeux de ses admirateurs. Jeanne collecte tout ce qui se dit, s'écrit sur elle, elle est fascinée. Elle lui écrit des lettres, certaines ne sont jamais postées, son rêve : la rencontrer.

Jeanne et Remy ont deux filles, des jumelles qui se sont envolées loin de la maison, la maison paraît vide.

Jeanne fait aussi quelques folies, elle suit des inconnus dans la rue, une fois, une seule fois pour deviner à quoi ressemble leur vie. Et là arrive ce qui la fera chavirer, elle rencontre Martin, un copain de lycée, elle était amoureuse de lui, elle lui avait fixé un rendez-vous, il était arrivé accompagné de trois copains. Adieu amour de ma jeunesse. Il y aura Rémy.
Martin bousculera sa vie.

Les parents de Jeanne ont une ferme, elle a été élevée à la campagne, quatre filles, le premier enfant qui était un garçon est mort-né. Jeanne est l'enfant de remplacement, une fille alors que le père désirait un garçon, pour le nom, la ferme.
Le père ne l'embrassait pas, ils se regardaient. Le père est un taiseux. Il y a aussi la M'né, sa grand-mère qui la comprend.

Dans la rue de Jeanne, habite sa meilleure amie, Suzanne, qui s'est fait plaquer par son mari Jef, un type pas très intéressant, elle souffre, ne peut accepter ce départ, Jeanne est toujours là pour la consoler.

J'arrête, j'ai planté le décor.

J'ai aimé :

Tout, j'ai tout aimé. L'écriture, des phrases courtes, la description des sentiments si précise et délicate. Le personnage de Jeanne, lumineuse, si douce, mais pas soumise, Jeanne qui n'hésite pas à franchir les limites fixées, mais qui comprendra que son bonheur est là, près de Rémy, de ses enfants, avec ses habitudes. Elle ne se sacrifiera pas, elle choisira.

J'ai beaucoup aimé Rémy, sensible, qui devine, mais ne dit rien pour ne pas briser l'harmonie de la famille.

Les femmes n'avouent pas toujours leurs pensées, les gens ne perçoivent que ce que nous voulons bien montrer, Jeanne a une vie intérieure.

J'ai aimé la description de l'île de Teshima au Japon.

"Dans une petite maison de bois noire, le petit musée de Christian Boltanski contient l'œuvre Les archives du cœur. Depuis 2008, l'artiste a enregistré les battements de cœurs d'inconnus à travers le monde. Artiste français le plus prisé au Japon, Boltanski a su toucher l'âme de ses résidents à travers cette installation. Il est même possible d'enregistrer votre propre cœur à l'intérieur de la galerie !"

Martin est parti au Japon, mais avant il a enregistré les battements du coeur de Jeanne, celui de Zoé sa nièce, une enfant différente.
Les messages de Martin sont très apaisants
"Ici, on apprend aux enfants à être libres et heureux, en plus de tout le reste. On leur apprend aussi à ne pas avoir peur. On fait du bonheur une matière à part entière, avant tout, une matière sensible et non notée."
"La douleur c'est secret. Je vis tranquillement. Je regarde la mer."

Un très beau roman pour cette rentrée littéraire, à ne pas manquer, vous aimerez, j'en suis certaine.

Bye MClaire.