dimanche 27 mai 2018

"Article 353 du code pénal" Tanguy Viel.





Une merveilleuse découverte, un auteur que je ne connaissais pas, il y a des lectrices qui sont très partageuses, une amie scrabbleuse qui habite de l'autre côté d'une frontière m'a fait parvenir ce livre, merci, encore merci de m'avoir fait découvrir Tanguy Viel né à Brest. Un très beau moment de lecture, un livre qui n'est pas épais mais qui regorge d'émotion.

Au début, l'écriture peut surprendre, mais nous comprenons très vite que l'auteur ne pouvait pas écrire d'une façon académique, il fallait que les mots soient forts, les phrases construites comme celles d'une conversation, un peu dans le désordre. Martial n'est pas un intellectuel.

Martial Kermeur habite le Finistère, sur une presqu'île pas loin de l'Arsenal, de l'autre côté de la rade, il y travaillait, des licenciements à la désaffectation de l'Arsenal, 400.000 francs de prime (pas des euros), il aurait pu s'acheter une petite maison, élever son fils Erwan qui a voulu rester avec son père lors du divorce avec France. Il a préféré momentanément occuper la petite maison qui se trouvait à l'entrée du château, en attendant...Il attend quoi Martial? C'est un passif.
Le maire du village le loge gratuitement en échange de quelques travaux dans le parc. 
Arrive un beau parleur, Antoine Lazenec, le genre de type à qui personne ne résiste, voiture de sport, l'argent facile, il veut acheter le château et le transformer en résidence de luxe face à la mer, il y aura des appartements à vendre, la maquette est dévoilée en présence de toutes les personnalités du coin, Martial assiste muet et inquiet à ce déploiement de charme, Lazenec est un vrai bonimenteur, il est pensif Martial, Lazenec saura le convaincre..
Je peux vous raconter le début du livre, Martial a jeté à la mer Antoine Lazenec au cours d'une partie de pêche. Il se retrouve dans le bureau du juge et c'est là que l'histoire commence.....

J'ai tout aimé et particulièrement les relations père-fils, Erwan assiste à tout, il devine les faiblesses de son père, il grandit et Martial ne le voit pas changer.
"J'ai dit ça à la présidente, que je m'étais trompé, que j'avais fait les choses à l'envers, et que sans doute c'est le sort des parents, j'ai dit, c'est le sort des parents d'un jour se retourner et craindre avoir failli."

Evidemment, le tête à tête juge-Martial se tient dans un bureau, sans témoin, un huit-clos, je pensais à Michel Serrault dans "Garde à vue" il aurait pu jouer le rôle de Martial si un film était tiré du livre, mais ce n'est plus possible, vraiment impossible, je rêve. François Cluzet peut-être?

Martial raconte tout au juge, à sa manière, dans le désordre. Une vraie confession, et c'est là qu'il est le plus bouleversant lorsqu'il raconte ses relations avec Erwan.
"Je suis allé le voir souvent ces derniers temps Erwan. J'ai eu le temps de l'observer à travers la vitre du parloir. J'ai vu les nouvelles rides formées sous ses yeux. J'ai pensé : ce n'est pas de la fatigue, il a seulement vieilli plus vite que son âge et c'est quand même à cause de moi. Non. Pas à cause de moi. A cause de Lazenec...."

"Parce que le problème, c’est que même un gars mauvais, même la pire des crapules, il y a des moments où elle n’est pas une crapule, des moments où elle ne pense pas à mal. Et croyez bien que ça ne simplifie pas les choses pour les gens comme moi."

Une interrogation : que vaut la justice des hommes? Lisez ce que dit "Article 353 du code pénal".
Lisez aussi ce livre, vous vous transformerez sans aucun doute en juré. 

Bye MClaire.