mercredi 15 août 2018

"La salle de bal" Anna Hope




Inoubliable. Les trois personnages de ce roman resteront inoubliables, John, Ella, Charles. J'aimerais ne pas oublier que Churchill a été un défenseur de l'eugénisme alors qu'il était ministre de l'intérieur au début du xxème siècle. 

L'histoire se situe dans un asile d'aliénés dans le Yorkshire, Sharston, nom imaginé par l'auteure, nous sommes en 1911.
Le docteur Charles Fuller exerce son métier après quelques errances, il n'aimait pas vraiment la médecine, la musique reste sa passion.
Ella a été internée après avoir cassé une fenêtre dans la filature où elle travaillait depuis qu'elle était une enfant, un accès de colère, aujourd'hui nous dirions qu'elle a eu un burn-out, ses patrons ont appelé la police, direction l'asile.
John, un Irlandais taciturne, a perdu sa petite fille et sa femme, déprimé il est conduit à l'asile et chargé de creuser les tombes de ceux qui ne manqueront pas de mourir, six par tombe. Un accident de la vie pouvait vous mener à l'asile.

Trois personnages principaux, il y a aussi Clem qui est là parce qu'elle refusait d'épouser un "vieux", ami de son père, milieu aisé, Clem ne manque de rien, mais son comportement est inquiétant, elle s'est réfugiée dans la lecture pour résister, ses poignets portent les traces d'une lame de rasoir, elle s'est vaguement entichée d'Ella qu'elle domine, Clem sait lire, Ella ne sait pas.

Charles Fuller pense que la musique peut être une thérapie pour les malades, il arrive à former un petit orchestre, lui joue du violon et organise un bal chaque vendredi dans une belle salle de bal, les hommes et les femmes se rencontrent, ils dansent et c'est là que John fera vraiment la connaissance d'Ella, il la reconnaît, elle avait voulu s'évader, ils dansent, chaque vendredi ils se cherchent du regard, jusqu'au jour où...
Charles fait-il preuve d'humanité ou est-il simplement un manipulateur? Il rêve d'un monde où les plus faibles ne pourront pas mettre au monde une progéniture tarée, l'eugénisme, Churchill est favorable à la stérilisation et Charles est ambitieux, il veut le rencontrer, pratiquer les premières opérations pour se faire remarquer. Pour plusieurs raisons, il choisira John comme cobaye.

Le personnage de Charles est dérangeant, un frustré qui veut résister à ses pulsions, est-il vraiment sain d'esprit?

John est attendrissant, sous ses airs bourrus il cache des trésors de sensibilité, d'amour à donner.

Ella est fragile, n'a qu'un rêve : sortir, elle sait que sa place n'est pas dans cet asile."Vieille Allemagne" qui dit sans cesse : chezmoimoijeveuxrentrerchezmoimoijeveuxrentrer chezmoi.
"Ella s'y serait bien mise aussi. Sauf que chez elle, elle ne savait pas où c'était"
J'aurais aimé que son personnage ait un peu plus d'épaisseur, un peu plus présente à la fin du livre, même si physiquement elle n'était plus là, des mots..
La fin du livre est poignante.

Les odeurs, l'atmosphère des salles où s'entassent les malades, la cruauté du personnel, tout est si bien décrit, Anna Hope a une écriture flamboyante, chaque mot est à sa place. Je pense qu'il est impossible de lire ce roman d'un trait. Vous apprendrez aussi beaucoup sur la psychiatrie à cette époque et cet asile ne devait pas être le pire qui existait.


Lisez ce roman bouleversant, il ne peut que vous plaire.

Je vais lire quelque chose de plus léger après ce bouquin si dense.

Ma copine grande lectrice est passée à la maison, j'ai de quoi occuper la fin de l'été.

Bye MClaire.