jeudi 30 août 2018

Michaël Uras "La maison à droite de celle de ma grand-mère"




La couverture du livre est belle, des couleurs, le titre est accrocheur, nous sommes nombreux à avoir eu une grand-mère adorée, sinon une arrière grand-mère, habillée de noir, chignon bien serré, qui regardait, écoutait, la mienne n'était pas très bavarde mais savait en trois mots lapidaires donner son avis, un peu moqueuse, espiègle.
Celle de Giacomo faisait pire, elle faisait la morte pour être un peu tranquille, l'hôpital attendait qu'elle pousse son dernier souffle, mais rien, les jours passaient, la famille se réunissait autour de son lit, ils parlaient, elle écoutait.

C'est un livre plein de nostalgie, à mon avis il plaira ou il a plu aux méditerranéens, la Sardaigne et les Sardes sont si bien décrits. Les femmes sardes, volubiles, mères dévorantes, les hommes plus taiseux, qui cachent leurs sentiments par pudeur. Je ne suis jamais allée en Sardaigne mais l'envie me titille depuis que j'ai lu quelques livres de Milena Agus.
Michaël Uras a écrit une déclaration d'amour à la Sardaigne, j'ai reconnu les mêmes maisons colorées des livres de M.Agus. Des rues qui ressemblent à des bandes dessinées, des maisons habitées par des personnages atypiques.

Giacomo est traducteur, il habite à Marseille et revient quelquefois chez ses parents, de moins en moins souvent au grand désespoir de sa mère. Il est appelé par un oncle assez envahissant Gavino, sa grand-mère se meurt.
Giacomo est en train de traduire une version inédite de "Moby Dick"d'Herman Melville. Il décide de partir en emportant sa traduction chez ses parents, il travaillera entre deux visites à sa grand-mère mourante, enfin c'est ce que les médecins disent. La maman de Giacomo lui apporte des "fromagelle", des gâteaux qu'elle aimait, mais rien ne lui fait ouvrir les yeux.
Au fil des jours, il renouera avec ses amis et son île, toujours un peu triste mais heureux de redécouvrir des endroits magiques, les criques de son enfance...En avançant dans la lecture nous découvrirons ce qui le fait tant souffrir, ses angoisses, un fantôme..

J'ai aimé les relations de cette famille, les excès, les paroles qui paraissent définitives et qui sont si vite oubliées, cette mère qui veut toujours partir, loin de son mari, qui fait sa valise pour traverser la rue, ce soleil qui brûle tout, ce tempérament sarde qui est si différent de celui des italiens, le temps qu'il faut pour se faire adopter, ils vivent sur une île.
Le personnage du docteur Ignazio qui soigne tout le monde avec une potion mystérieuse "l'effervescente al limon".
Le Capitaine nostalgique et solitaire.
Fabrizio qui souffre d'une grave maladie, il vieillit trop vite, il tient une librairie et espère toujours rencontrer l'âme soeur.
J'ai aussi appris l'existence des Domus de Janas, ces vestiges nuragiques.

J'ai un peu moins aimé en lisant certains passages, l'écriture un peu scolaire, l'abondance de détails, mais ce n'est pas vraiment gênant, il y a tant de tendresse dans ces mots, de l'humour. Michaël Uras aime la littérature, les livres, les écrivains les poètes, en particulier Rimbaud.
Vous passerez un excellent moment en le lisant, mais attention le livre n'est pas toujours aussi gai que les couleurs des maisons, il y a aussi de la tristesse
Nous devrions tous nous souvenir de notre enfance, nous avons, j'ai eu la chance de connaître cette période loin des jeux vidéos, des smartphones, un simple ballon, un cerceau, des traits de craie pour dessiner une marelle, quelques osselets que nous faisions sauter, une balançoire, quatre boîtes de tabac à chiquer, une planche, une corde pour tirer ce chariot improvisé et nous étions heureux. Des petits bonheurs simples.

"Mélancolie ensoleillée" 

Bye MClaire.