mercredi 13 octobre 2010

MON PREMIER FILM DE CINEMA :

Ce matin en prenant notre petit déjeuner nous écoutions Europe,  Luc Besson  était là pour faire la promotion de son dernier film « Arthur »,  il expliquait qu’il était allé à l’avant première et qu’un petit garçon lui avait dit « C’est mon premier film de cinéma », Luc Besson s’était subitement senti investi d’une grande responsabilité envers ce gamin, le premier film qui peut-être lui donnera l’amour du cinéma ou le contraire. J’ai demandé à Christian s’il se souvenait de son premier film de cinéma, j’ai aussi fouillé dans ma mémoire, je ne pense pas être allée au cinoche avant mes 10 ans. Christian m’a raconté les séances de cinéma à Puyricard près d’Aix-en-Provence lorsqu’il était minot, j’étais pliée de rire, bizarrement il reprend l’accent du midi lorsqu’il raconte ses souvenirs. Qui n’a pas entendu dans le midi « Chiapacan, cagole, caganis, boudie, bordille, belugue »  avec cet accent qui fait sourire, ne peut pas savoir, belle-maman ponctuait ses phrases de mots provencaux. Fin de la parenthèse, je disais que Christian me racontait ses souvenirs avec son accent qui revenait:

 « Monsieur Dolli et son assistante installaient l’écran de cinéma dans la salle de bar,( le patron s’appelait Aquaviva, un nom qui n’aurait pas du le prédestiner à tenir un bar)  juste au dessus du comptoir, devant les étagères remplies de bouteilles et éclairées par une petite loupiote, des chaises étaient alignées, l’assistante était assise à l’entrée devant une petite table et il fallait payer, elle avait l’œil, on ne pouvait pas resquiller, un coup de tampon sur la main tenait lieu de ticket. La séance pouvait commencer, premier raté, l’ampoule derrière l’écran n’était pas éteinte, on voyait donc toutes les bouteilles, comme des ombres chinoises, il fallait tout arrêter, remonter l’écran pour atteindre l’interrupteur, la chose faite Jean Mineur annonçait les actualités, largement périmées, ensuite le film commençait,
Première coupure, le film était cassé, il devait le recoller et quelquefois couper un morceau, cela prenait un moment, en attendant le patron du bar en profitait pour remonter l’écran et servir à boire. C’était réparé, tout redémarrait, mais les dialogues étaient décalés, il avait trop coupé. Quelquefois, des tâches brunes apparaissaient sur l’écran, puis plus rien, le noir complet, Monsieur Dolli passait la tête à la porte, et nous informait en claironnant qu’un bout de film avait brûlé et qu’il fallait le réparer. On roulait encore l’écran et on resservait à boire pour faire patienter les spectateurs. La séance pouvait durer un certain temps, personne ne s’impatientait, les plaisanteries fusaient. Monsieur Dolli avait aussi un petit orchestre, il faisait danser dans la même salle de bar, il jouait de la mandoline et de l’accordéon, son assistante cognait les cymbales, et il avait pris à l’essai mon frère Pierre qui jouait de la clarinette, de temps en temps on entendait dans la salle les danseurs qui criaient « Pan ! Pan! » C’était Pierre qui faisait des canards, quand il jouait à la maison, le chien Tommy n’arrêtait pas de pleurer, l’essai n’a pas été concluant. Monsieur Dolli venait des Milles et il parcourait tous les petits villages avec sa 203 camionnette bâchée bref ! On s’amusait beaucoup avec pas grand-chose » Voilà, les souvenirs de Christian pour son premier film, mais il n’a pas su me dire le titre, un Charlot probablement, ou peut être un Zorro, son premier western devait être formidable, il adore les westerns. Ah ! « Le train sifflera trois fois ».

Quant à moi, je pense me souvenir que mon premier film était « Les feux de la rampe » avec Charlie Chaplin, c’était d’une tristesse, toute la salle pleurait, la chanson qui accompagnait le film « Deux petits chaussons de satin blanc » était émouvante. Je devais écarquiller les yeux. J’ai aussi vu « Fabiola » plusieurs fois avec Michèle Morgan et Henri Vidal, cinéma en plein air pendant l’été. J’ai le souvenir d’un film américain, je ne sais plus lequel d’un érotisme fou, l’acteur renversait l’actrice sur un lit et lui donnait un baiser, je n’avais jamais vu ça, il devait bien y avoir une censure ! J’avais dix ans et j’étais bien innocente. J’ai tout de suite aimé le cinéma, la diction des acteurs était parfaite, maintenant, je ne sais pas si c’est parce que nous perdons le sens auditif, j’ai quelquefois de la peine à suivre les dialogues selon les acteurs, ils parlent entre leurs dents, marmonnent plus qu’ils ne parlent, j’aime beaucoup Vincent Lindon, mais il a ce gros défaut. Et vous, votre premier film ?
Merci à Luc Besson pour son intervention ce matin, il m’a permis de commencer la journée avec des éclats de rire.

Nous avons fait une page sur le site avec les photos de notre week-end à Penmarch, si vous ne l’avez pas vu vous pouvez cliquer sur ce lien, je suis contente de moi, les photos sont belles.

Sur cette page je raconte notre visite à la librairie-café, j’ai acheté un livre d’Emmanuel Carrère « D’autres vies que la mienne », j’ai lu il y a peu « Un roman russe », il parle toujours beaucoup de sa vie, mais dans « D’autres vies que la mienne » beaucoup moins, il a l’air apaisé, en paix avec lui même, ses fêlures se referment, il peut donc parler de la vie des autres. Je trouve ce livre admirable, sans doute parce qu’il me touche tout particulièrement, il exprime exactement les sentiments que j’ai quelquefois de la peine à décrire, par pudeur ou pour ne pas embarrasser les autres, le cancer n’est pas un mot tabou pour moi, au contraire, je trouve qu’il faut en parler. J’ai horreur des regards fuyants ou des gens qui s’apitoient. Il y a un passage qui décrit exactement ce que je pense :

 « C’est le malade qui accueille sa maladie, non comme une catastrophe accidentelle, mais comme une vérité qui le concerne intimement, une conséquence obscure de son histoire, l’expression ultime de son malheur et de son désarroi face à la vie. Chez ce malade-là …Quelque chose dans le narcissisme primaire n’a pas été construit. Une faille profonde entaille le plus ancien noyau de la personnalité. Il y a dit-il, deux espèces d’hommes : ceux qui font souvent le rêve de tomber dans le vide, et puis les autres. Les seconds ont été portés, et bien portés, ils vivent sur la terre ferme, s’y meuvent avec confiance. Les premiers au contraire souffriront toute leur vie de vertige et d’angoisse, du sentiment de ne pas exister réellement….. ».

Ce passage explique très bien l’attitude des gens qui découvrent leur maladie. La panique ou la sérénité, selon la vie qui a été la leur, les regrets, le sentiment d’une vie ratée, ou au contraire une vie très accomplie, une vie heureuse. Personnellement je suis sereine, je ne connais pas l’angoisse, je fais partie de ceux qui se meuvent avec confiance, je me dis que la maladie n’est que la rupture d’un équilibre, mais que l’équilibre peut toujours se rétablir, il suffit d’être patiente et surtout d’y croire. Pour ceux qui sont gravement atteints et qui viennent d’apprendre qu’ils sont malades « Quelque chose, disait-il, se joue à ce moment, qui est de l’ordre de la guerre totale, de la débâcle totale, de la métamorphose totale. C’est une destruction psychique, cela peut être une refondation. »

J’ai acheté ce livre comme ça, sans en connaître vraiment le contenu, tout simplement parce que l’auteur était Emmanuel Carrère. Des vies magnifiquement racontées. Tout y est vrai. De ces deux histoires étrangères l’une à l’autre, l’auteur écrit un livre plein d’humanité, rien n’est pathétique. C’est aussi un livre social.
Si vous ne l’avez pas lu, n’hésitez pas. Il vient de sortir en livre de poche.



Il y a encore des manifestations pour les retraites, deux dessins, un pour le comptage des manifestants et l’autre un peu provoc, mais c’est pour rire, vous avez compris !!

     


Lire ce dessin avec l’accent, c’est mieux.


Qui remplacera le premier ministre, le concours de lèche est ouvert.

      Bye  Bye  MClaire.