lundi 22 avril 2019

Audur Jonsdottir "Tourner la page"








J'ai acheté ce livre chez Easy-Cash pour quelques euros, édité en 2015 aux Presses de la Cité. J'aime lire les écrivains des pays nordiques :
"Millenium" de Larsson - 
"Les chaussures italiennes" de Mankell 
"L'armoire des robes oubliées" de R.Pulkkinen - un très beau roman.
"Rosa Candida" de A.Olafsdottir. Du même auteure "ôr", je vous mets le lien d'une gazette
https://gazettemarieclaire.blogspot.com/2017/12/

"Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" J.Jonasson, j'ai moyennement aimé.
J'ai même lu quelques polars de A.Indridason
Pour finir mes préférés, ceux de Katarina Mazetti
"Le mec de la tombe d'à côté" Formidable. D'autres aussi.

Et j'ai aimé "Tourner la page", attention ce roman n'est pas facile à lire, il exige une grande attention, des retours en arrière, les noms si peu familiers pour nous, j'ai appris que les Islandais ne possèdent pas à proprement parler de nom de famille, seulement un patronyme généralement composé du prénom du père suivi du suffixe -son pour les garçons ou -dottir pour les filles. Généralement ils s'appellent usuellement que par leur prénom.

Audur Jonsdottir est la petite fille du prix Nobel de littérature 1955 Halldor Laxness, de son vrai nom Halldor Guojosson, c'est important de le savoir.
Je me suis tout de suite posé la question "Comment peut-on oser écrire lorsqu'un membre de notre famille a obtenu cette prestigieuse récompense?"
J'ai eu la réponse en lisant, c'est long et douloureux.
La fille du prix Nobel a fait des tentatives, elle a renoncé très vite. Sa petite fille qui est l'auteure du roman a fini par publier dans sa langue maternelle, "Tourner la page" est son premier roman traduit en français.
Ce livre est je pense en grande partie autobiographique.

L'histoire se passe en Islande et en Suède,
Eyja se marie dans un petit village de pêcheurs islandais, son mari de vingt ans son aîné est un ivrogne, il ne pense qu'à boire, elle doit subvenir à leurs besoins. le Coup de Vent, c'est ainsi que tout le monde l'appelle rentre tard dans la nuit, il déambule, elle aussi boit facilement. Elle est consciente de la médiocrité de sa vie mais n'arrive pas à le quitter, on n'arrache pas facilement l'autre à ses démons, même si la relation est destructrice.
-Quitte le lui dit une amie.
-Je ne peux pas
 Elle écrit quelques articles pour un journal, comme sa maman qui a cessé de le faire, le prix Nobel pesait sur sa vie.
Eyra a une mère qui boit, des maris, des enfants, fille d'un père poète (le prix Nobel) et d'une mère parfaite. L'éternel conflit entre mère et fille "Ben..Maman. Elle peut être vraiment dure avec grand-mère. Je ne comprends pas pourquoi. Grand-mère fait de son mieux pour nous aider, tous autant que nous sommes".
"Peut-être qu'elle veut trop bien faire..."
Et grand-mère fera tout pour éloigner Eyra du Coup de Vent, elle lui donnera beaucoup d'argent pour aller s'installer en Suède chez Runa "la reine du ski", là elle sera tranquille pour écrire son roman..

Vous découvrirez la suite.

J'ai aimé :

L'Islande, cette île soumise aux caprices de la nature, sauvage, ses habitants qui ne se soumettent pas. Il y a eu la révolution des casseroles pour se débarrasser des corrompus et se sortir du marasme économique, ils y sont arrivés sans violence.
Les relations compliquées entre les membres de cette famille, ils s'aiment mais ne savent pas comment le dire.
"Maman, quant à elle, a changé de discours : Si seulement j'avais eu ton courage ma chère Dame Joliette de France (c'est Eyra) dit-elle en offrant à sa fille un regard impénétrable et fier.
Eyra la fixe -un instant, elles se regardent dans les yeux, elles qui ont connu tant de hauts et de bas. Soudain, Eyra se dit qu'on ne doit peut-être pas comprendre sa mère plus qu'on ne comprend Dieu.."
J'ai versé une larme en lisant le passage page 442, celui qui pourrait donner l'explication du besoin d'alcool qui empoisonnait la vie du Coup du Vent.
Ils boivent beaucoup en Islande dans ce roman, l'hiver sans fin? Le climat?

J'ai aimé ce livre, sensible, écrit avec une grande délicatesse, il y a beaucoup de pudeur dans l'écriture.
Il peut aussi donner l'envie de visiter l'Islande, fille du Sud j'aime les pays nordiques, la Norvège surtout, la Suède est très bien décrite dans le roman, c'est exactement ça, mais je ne me souviens pas des moustiques. Les baignades dans les lacs en été, les forêts à perte de vue, les chalets colorés et la discrétion des habitants..


Bye MClaire