dimanche 7 avril 2019

Eric Plamondon "Taqawa"



A mon avis c'est aussi une pépite. Je l'ai lu d'une traite.

"Ici, on a tous du sang indien et quand ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains. »

L'histoire de la race blanche qui a pénétré les territoires de pêche, de chasse des Amérindiens. Passionnante histoire, tragique conquête. Les relations difficiles entre le Canada et le Québec. Les francophones et les anglophones.

Taqawan en langage mi'gmaq est le nom du saumon qui remonte la rivière après deux ou trois ans passés en mer. 
Le saumon pêché par cette communauté à la belle saison et qui leur permet de survivre tout l'hiver. Les autorités ont établi des quotas de pêche. Le 11 juin 1981 la police s'en prend à la tribu mi'gmaq dans la réserve de Restigouche, elle veut  supprimer leurs filets de pêche jetés dans la rivière, sous les yeux des enfants qui rentrent de l'école. Océane et des garçons s'échappent du bus et tentent de regagner leur village, là où leurs parents tentent de sauver leurs filets dans le bruit des zodiacs, de l'hélicoptère qui tourne au-dessus du fleuve :
"Quand les chiens sont lâchés, quand on donne le feu vert à des sbires armés en leur expliquant qu'ils ont tous les droits face à des individus désobéissants, condamnables, délinquants, quand on fait entrer ces idées dans la tête de quelqu'un, on doit toujours s'attendre au pire. L'humanité se retire peu à peu. Dans le feu de l'action, la raison s'éteint. Il faut savoir répondre aux ordres sans penser.....Alors quand on lâche une bande de gars de Québec dans une réserve, ça finit avec des côtes cassées et des épaules luxées...au mieux".

J'ai aimé ce livre parce qu'il mêle la fiction et l'histoire, c'est aussi un roman noir, l'histoire d'Océane jeune fille amérindienne, celle d'une enseignante française dans une région hostile mais si belle, et de deux hommes, un blanc garde-chasse Yves Leclerc et le vieil indien solitaire William.
La lointaine ancêtre de William avait fait un rêve, l'arrivée d'une île avec des ours qui montaient le long des troncs qui touchaient le ciel. C'était Cartier vêtu de blanche hermine qui se tenait à la proue du navire et des hommes barbus se balançaient aux cordages. Légende, histoire...

L'histoire du saumon est aussi passionnante. J'ai beaucoup appris.
Parlons de la nature, des lacs et des forêts, des espaces infinis. Du langage "parce qu'icitte il n'y a pas gaz".
De la violence pour survivre.

Un roman d'une grande profondeur, une histoire qui m'a fait comprendre un peu plus les relations des anglophones et des francophones. Nous sommes allés au Québec, mon ex belle-soeur était une authentique Québécoise, paradoxe,  professeur d'anglais à Montréal, j'avais été sidérée de constater son attitude dans un bar tenu par un Anglais, elle ne lui répondait qu'à la condition qu'il parle français. 
Et nous sommes à 99% des descendants du singe.

Lisez ce livre qui est vendu en poche. Vous avez aimer London, Konrad, vous aimez Sylvain Tesson (je l'adore) tous les livres d'aventure, vous aimerez Toqawan. Vraiment fascinant.

Bye MClaire.