mardi 5 novembre 2019

Philippe Hayat "Où bat le coeur du monde"




Philippe Hayat est entrepreneur, il a créé ou repris des entreprises avec succès, deux livres écrits, deux succès. Il est doué..Vous avez peut être lu il y a quelques années "Momo des Halles", il récidive avec ce roman que j'ai beaucoup aimé.

L'histoire :

En 1935, une famille juive vit heureuse à Tunis dans le quartier de La Hara, Stella la maman, Darius le fils, Sauveur le père. 
Le bonheur s'éteindra le jour où la communauté juive sera persécutée, les Arabes ne tolèrent plus ces juifs qui pour eux ressemblent trop aux Français. Sauveur perdra la vie, Darius perdra sa voix après avoir assisté au lynchage de son père.
Darius muet, Stella le destinera à des études qui devraient lui procurer une grande destinée, elle se sacrifiera pour lui, l'aimera jusqu'à s'oublier, oublier sa vie de femme, travaillera comme femme de ménage pour gagner une misère.
L'enfant apprendra le langage des signes, sa mère aussi, jusqu'au jour où il découvrira le monde de la musique depuis le balcon du théâtre où travaille sa mère. C'est une révélation, il sera musicien, il sera clarinettiste et rien ne le fera changer d'avis, doué il apprendra très vite grâce aux leçons gratuites offertes par un ami de Lou, une jeune femme de la bourgeoisie qui s'est entichée de l'enfant.
La guerre, les soldats américains s'installent à Tunis, Darius rêve de New-York....
Vous lirez la suite...

J'ai tout aimé ou presque, sans doute un peu plus que d'autres lecteurs, j'ai retrouvé l'ambiance de l'Algérie, des communautés qui vivaient ensemble jusqu'au jour où tout a basculé. 
J'ai compris Stella qui étouffait Darius, j'ai compris Darius qui ne voulait qu'une chose, désobéir à cette mère pour accomplir son rêve; Un jour Billie lui dira "D'où tu viens, Darry ? Tu me le diras un jour ?" Billie ne parle pas le langage des signes :
-Il lui aurait parlé de cette petite femme indomptable qui s'était opposée à son art, qui avait tellement réussi à le fortifier qu'il lui avait désobéi. 
Sa vie d'homme avait pu commencer. Un blanc pouvait jouer la musique des noirs.
J'ai aimé Dinah sa compagne, femme fidèle, jamais fatiguée, elle sera celle qui le sauvera.
J'ai beaucoup moins aimé cette ségrégation sociale qui régnait aux Etats-Unis. L'amour perdu de cette maman qui attendra pendant des années le retour de son fils, ils s'écriront.
Il reverra la Tunisie en 1954 "La Méditerranée étincelait sous le soleil de midi. Gammarth, la Marsa..Il mit un nom sur toutes les plages et chercha la pointe de Sidi-bou-Saïd, le mont Boukornine dominait le golfe. Derrière la bande de sable de La Goulette, le lac ressemblait à un coeur."

J'imaginais un avion qui descendrait vers Alger...

Et il y a l'écriture pleine de sensibilité de Philippe Hayat, elle est vibrante d'amour. Le jazz, j'avais envie d'écouter, je suis allée sur Youtube... Ce livre est souvent douloureux mais aussi plein de joie, je l'ai quitté doucement, je n'avais pas envie de le refermer.

Bye MClaire.