samedi 29 mai 2010


LA MAGIE DES MOTS :

On peut écrire un livre, surfer sur facebook, prononcer des discours, faire des promesses, chatter avec un personnage rencontré sur le net, ce sont toujours des mots. La magie des mots qui peut unir ou désunir, les mots envoyés sur internet et qui peuvent faire croire qu’une vie peut se construire avec l’autre sur du vide, il arrive que cela marche dans 2% des cas, c’est peu. On peut tromper avec des mots écrits, mais rarement avec les yeux et la voix, c’est ce que j’essayais d’expliquer à ma petite fille qui est une surfeuse enragée sur internet, je me suis servie de son ordi et à peine connectée, une multitude de prénoms s’affichaient en bas à droite, « Lola connectée » « Samir connecté » etc..fou le nombre d’amis virtuels. On ne se voit pas, on ne se touche pas, mais on envoie plein de bisous qui s'évanouissent avant d'atteindre l'autre.

Vous vous souvenez de cette phrase prononcée par un candidat qui devait devenir président
« Je dirai tout avant, parce que je ferai tout après » Des mots, rien que des mots, qui ne contiennent plus aucune magie.
Une citation prise dans San Antonio :
« Un politicien ne peut faire carrière sans mémoire, car il doit se souvenir de toutes les promesses qu’il faut oublier ». Notre Nicolas a paraît-il une mémoire hors du commun.

J’ai lu ce passage écrit par Kafka en 1922, il faut le lire, les lettres à ses yeux étaient déjà diaboliques, que dirait-il du net maintenant, mais ses écrits restent tellement modernes si nous remplaçons le mot lettre par le mot internet :

KAFKA - Prague , début avril 1922.
" Je n'ai pour ainsi dire jamais été trompé par les gens, par des lettres toujours et cette fois ce n'est pas par celles des autres, mais par les miennes. Il y a là en ce qui me concerne un désagrément personnel, sur lequel je ne veux pas m'étendre, mais c'est un malheur général La grande facilité d'écrire des lettres doit avoir introduit dans le monde -- du point de vue purement théorique -- un terrible désordre des âmes : c'est un commerce avec des fantômes, non seulement avec celui du destinataire, mais encore avec le sien propre ; le fantôme grandit sous la main qui écrit, dans la lettre qu'elle rédige, à plus forte raison dans une suite de lettres où l'une corrobore l'autre et peut l'appeler à témoin. Comment a pu naître l'idée que les lettres donneraient aux hommes le moyen de communiquer ? On peut penser à un être lointain, on peut saisir un être proche : le reste passe la force humaine. Ecrire des lettres, c'est se mettre nu devant les fantômes, ils attendent ce moment avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. C'est grâce à cette copieuse nourriture qu'ils multiplient si fabuleusement. L'humanité le sent et lutte contre le péril ; elle a cherché à éliminer le plus qu'elle pouvait le fantomatique entre les hommes, elle a cherché à obtenir entre eux des relations naturelles, à restaurer la prix des âmes en inventant le chemin de fer, l'auto, l'aéroplane ; mais cela ne sert plus à rien ; l'adversaire est tellement plus calme, tellement plus fort ; après la poste, il a inventé le télégraphe, le téléphone, la télégraphie sans fil. Les esprits ne mourront pas de faim, mais nous, nous périrons. "

En écrivant un mail vous pouvez déclencher une catastrophe familiale ou autre, avant nous écrivions une lettre, il fallait la mettre sous enveloppe, prendre sa voiture pour aller la poster, entretemps vous aviez le temps de réfléchir, fallait-il l’envoyer ? Maintenant vous appuyez sur la touche entrée et c’est parti, plus aucun moyen pour retenir ce mail qui va faire tant de mal deux minutes plus tard. Lorsque j’écris un mail qui risque d’être blessant, je le mets toujours dans mail à envoyer, j’attends et à partir du moment où je suis sûre de mon fait, de ne pas regretter, j’envoie.

A voir le nombre de blogs qui fleurissent sur le net, il faut croire que nous avons besoin d’écrire ces mots, sincères ou trompeurs. Certains balancent sur la toile leurs confessions intimes, d’autres leurs souvenirs ou leur vie quotidienne, mais on peut tenir un blog sans pour autant raconter tout, savoir s’arrêter là où commence la vie intime, cette vie qui ne regarde personne. J’ai dans mes favoris des blogs qui me font beaucoup rire, chaque matin je découvre le quotidien d’une maman et de ses ados, c’est plein d’humour mais jamais intrusif dans leur vie privée, mais voilà est-ce vrai ou que du blablabla, c’est peut-être un homme qui écrit ce blog, allez savoir ! Je ne dis pas qu’il faut ostraciser Internet, attention, j’aime trop ce type de communication pour le diaboliser, il faut juste savoir s’en servir.

« Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé » Le net s’autorise tout, comment pratiquer la censure, il y a un tel vide juridique. L’autre matin nous avons reçu un mail publicitaire anodin, pour me désabonner de « noreply » auteur du mail, j’étais obligée de l’ouvrir afin de cliquer sur désabonnement, il y avait un lien, j’ai ouvert pensant que c’était une offre commerciale quelconque, arf ! De la pornographie dans tous ses états, je ne suis pas prude, mais là c’était vraiment dégueu, je n’ose pas penser à la tête de ma petite fille (7ans ½) si elle avait été à côté de moi, comme souvent lorsqu’elle est là. Entre nous ils devraient avoir des fichiers tous ces expéditeurs, envoyer du porno ou des propositions de pénis plus long à des personnes largement retraités, ce n’est pas malin, ils ne vont pas faire fortune, aucun sens du commerce !!

Justement en surfant je lisais que Charles VII n’hésitait pas à imposer aux riches de lui prêter de l’argent pour remplir les caisses de l’état. J’ai trouvé cette idée formidable, elle pourrait être reprise à notre époque, là je rêve, l’argent navigue sur la planète aussi vite qu’un mail. Dommage.

Je suis donc entrain de lire Marc Lévy, sans passion, mais gentiment, je le lis entre deux occupations ménagères. Il faudra que je trouve « Le pouvoir du chien » de Thomas Savage, il doit se vendre à la Fnac, il paraît qu’il est formidable, il fait parti des livres que nous n’avons pas envie de finir tant ils sont intéressants. Si un livre me plaît vraiment beaucoup, je le finis, je le pose sur mes genoux, j’y repense, je l’ouvre de nouveau et je relis quelques pages pour essayer de retrouver le bonheur qui m’a envahie en le lisant, il reste encore quelques jours sur la table du salon, je n’ai pas envie de le perdre de vue. Il deviendra un livre voyageur, pour faire partager mon plaisir.


J’ai trouvé ce dessin mignon comme tout









Puisque je parlais de Facebook au début de cette gazette











La France va organiser la coupe d’Europe, ouais ! Mais nous serons peut-être en faillite d’ici là, faut pas s’énerver. Bye MClaire.