samedi 31 juillet 2010


MEMOIRE – CORRIDA etc…

J’ai toujours eu beaucoup de mémoire, ce qui me permettait d’apprendre à la dernière minute et de retenir sans aucun problème, mais là je suis perplexe, j’ai pourtant l’impression de toujours aussi bien me souvenir des événements qui se sont passés, d’un livre, des chiffres. Ce matin, je relisais un poème de Paul Valéry « Le cimetière marin » et je me suis donnée comme défi de retenir une strophe, impossible, c’est sûr, ce n’est pas un poème facile à mémoriser, mais tout de même…Essayez, une strophe ou deux strophes, évidemment pas si vous avez vingt ans mais mon âge :

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir

Nous sommes allés sur sa tombe, au cimetière marin de Sète, il y a très longtemps, ce cimetière qui domine la mer, bien avant que Brassens le rejoigne. Sur la tombe de Paul Valéry sont gravés deux vers de son poème « Le cimetière marin » « « O récompense après une pensée / Qu'un long regard sur le calme des dieux ! ». Deux vers que je peux encore retenir..Mais je vais persister, j’ai sans doute comme d’habitude voulu aller trop vite.

Cette semaine la corrida faisait la une des journaux télévisés, tout est bon pour nous faire oublier les acteurs politiques et autres qui sont dans l’arène en ce moment, mais là aussi on pose des banderilles. La corrida, je n’aime pas ce spectacle, pourquoi cette mise à mort ? On ne peut pas justifier la cruauté au nom des traditions. Dans la religion chrétienne le taureau représentait le diable, les chrétiens avaient repris dans leur religion le symbole du taureau en tant que réincarnation du mal, c’est peut être là que le sens de la corrida a pris ses racines. J’ai trouvé ce dessin sur le net, il est un peu osé, mais il veut bien dire ce qu’il veut dire, et si on faisait la même chose au torero ? Aïe…Lorsque le torero a vaincu le taureau, c’est l’apothéose de sa virilité, le pauvre dans ce cas il souffrirait physiquement et moralement. Que la catalogne interdise les corridas en 2012 (pourquoi pas maintenant) c’est la preuve d’un certain courage, mais il paraît que c’est purement politique, on n’y revient toujours ! Au fait ils ont aussi des élections en 2012 les espagnols ?

Notre Nico va sans doute trouver un cheval de bataille, si ce n’est déjà fait, à défaut de taureau.











J’ai fini mon livre dont le sujet était un rat de librairie, j’ai commencé « C’était notre terre » de Mathieu Belezi. Evidemment, ce livre parle de la guerre d’Algérie, de la décolonisation, du déracinement. Bizarrement, pendant des années je n’ai jamais lu un livre sur l’Algérie et depuis quelque temps oui, ce livre a eu le prix des lecteurs 2010, je l’ai acheté il y a au moins deux mois et je ne l’ouvrais pas. J’ai côtoyé enfant ces gros colons, j’ai pu constater leur morgue sans méchanceté, leur domination sur l’ouvrier agricole mal payé, qu’il soit arabe, espagnol ou autre, mais il y avait très peu de très gros colons, à eux seuls ils possédaient presque toutes les terres, contrairement à ce que l’on croit, il y avait une multitude de petits fermiers qui étaient arrivés là sans rien, qui avaient dépierré les champs, ils avaient planté ce qui allait leur permettre de vivre, sans plus, ce sont ceux là qui ont le plus souffert, les fermes brûlées, les récoltes détruites, ils ont tout connu, les autres ont pu sauver leur fortune, les autres, enfin 5 ou 6 familles avec des noms célèbres. L’auteur raconte la fin de l’Algérie française, juste avant l’indépendance, une famille explosée qui possède un domaine en Kabylie et une femme qui ne veut pas partir, qui considère cette terre comme la sienne, il raconte aussi les atrocités commises d’un côté comme de l’autre.

C’est toujours un sujet sensible, difficile à aborder, je lis ce livre avec passion, je suis née là bas, j’ai vécu là bas, et j’apprends toujours. Je retrouve aussi plein de sensations, hier je regardais mes volets roulants et je regrettais les persiennes des maisons, vous savez ces persiennes qui sont croisées l’après-midi pour empêcher le soleil de rentrer, mais qui laissent passer un rai de lumière qui s’écrase sur le mur chaulé en face, les siestes interminables pour fuir la chaleur, les draps froissés, et l’odeur des plantes du jardin qui s'infiltrait jusque dans les chambres, je fermais les yeux et j’y étais. Nostalgie sans rancœur, mais je pense qu’on ne se remet jamais d’avoir touché au paradis. La nostalgie n’est pas que de la tristesse, elle représente aussi quelquefois le bonheur.
Bye MClaire.