jeudi 28 janvier 2010


REFLEXIONS DE LA SEMAINE :

Viens voir Christian, regarde l’endroit où nous nous sommes mariés (18 et 22 ans !). Des photos toutes récentes prises à Miliana par un internaute lors d’un voyage en Algérie, quelle émotion, l’endroit n’a pas trop changé, enfin le centre ville, il parait que les environs sont méconnaissables. J’ai aussitôt passé un mail à ce monsieur pour le remercier de m’avoir procuré cette joie, et il m’a répondu que si nous voulions faire le voyage, il n’y avait aucun problème de sécurité, au pire nous risquions de nous faire écraser par un bus !! C’était vraiment le hasard du surf sur internet. J’ai trouvé une photo de la place qui était tout près de mon lycée
une autre de Miliana sous la neige, et il y avait beaucoup de neige l’hiver, j’ai la même photo chez moi, je suis assise sur le banc qui se trouve tout à fait à gauche et j’avais dix sept ans, je n’arrive pas à analyser mes sentiments, je ressens quoi exactement ? Je me méfie des attendrissements qui saisissent souvent les personnes de notre âge, plus on vieillit, plus on pense à son enfance ou à sa jeunesse. Tant d’années se sont écoulées, et cette période a été tellement troublée, nous avons eu plusieurs fois d’énormes frayeurs, comment avoir des regrets avec de tels souvenirs. Les nuits perturbées par les coups de feu, les attaques, tapie dans le coin d’un couloir, enceinte de huit mois, tremblante, je n’arrivais plus à arrêter le mouvement de mes genoux qui s’entrechoquaient, alors qu’ils tapaient dans tous les volets avec la crosse des fusils ; une séance de cinéma qui tourne mal, on nous attendait à la sortie, des rafales de mitraillette et la panique indescriptible, oui comment avoir des regrets, une adolescence qui n’en n’était pas une puisque nous n’étions pas insouciants. Nous n’avions pas de psys, ni de cellule de soutien psychologique, cela n’existait pas, il fallait surmonter seuls, mais peut-être reste t-il quelque chose dans notre subconscient, peut-être avons-nous compris très vite que la vie pouvait s’arrêter à tout instant, mais que la vie était tellement belle, et qu’il ne fallait pas laisser passer la moindre occasion de croquer dans le moment présent, mais je me calme, même trop je trouve !! J’efface tout de ma mémoire, je parle des mauvais moments, même les registres de la mairie sont effacés, notre mariage n’apparaît nulle part, la naissance de mon fils aussi, tout a été brûlé, saccagé. Le livret de famille est bien utile, c’est vraiment tout ce qu’il nous reste, plus quelques vieilles photos sauvées.
J’ai beaucoup pensé à notre départ en voyant les Haïtiens attendre un avion improbable à l’aéroport de Port au Prince. Nous avons aussi vécu ces moments, dans d’autres circonstances sûrement moins tragiques, mais aussi douloureusement, des files de gens qui laissaient leurs bagages dans les fossés qui bordaient la route de l’aéroport de Maison-Blanche, les voitures abandonnées, des enfants qui pleuraient, fatigués par trois jours d’attente, pour nous un bébé de deux mois dans les bras, et tout ça pour l’inconnu. Je suis toujours solidaire des peuples qui sont obligés de s’exiler pour pouvoir vivre dans la paix, au prix d’énormes sacrifices. Quitter un pays inondé de soleil, et découvrir la grisaille, le froid, pour mes parents, une mutation à Béthune, vous imaginez, ce n’était pas facile, mais nous étions heureux de ne plus avoir peur, enfin il n’y avait plus le couvre-feu et nous avions une puissante impression de liberté. Je me souviens, nous habitions Paris et nous allions au cinéma tard le soir, deux séances à la suite, c’était bon. C’était notre liberté.

Je vais finir le livre d’Alice Ferney « Paradis conjugal », toujours autant de plaisir à lire cette auteure, si vous ne la connaissez pas je vous recommande de commencer par « Les autres » ou « Dans la guerre ». A mon avis, c’est une écrivaine qui décrit les sentiments intimes comme personne, elle excelle dans l’analyse de la pensée féminine. Il y a un passage court mais dense dans ce livre qui m’a vraiment touchée, c’est vrai nous sommes seuls devant nos chagrins, nos maladies, ce n’est pas qu’on ne voudrait pas partager, mais comment ? Peur de déranger, de faire exploser une bombe dans un univers familial tellement tranquille, se confier mais à qui ?
Même aux personnes que nous aimons le plus, nous ne pouvons pas. La pudeur.
Lorsque ce sont des choses sans importance oui, nous trouvons toujours une oreille amicale, par contre en face d’une grande douleur intime, comment réagirions nous ? Les autres sont là, mais ils sont vite embarrassés, ne sachant quoi dire, alors nous nous taisons.
Elle écrit aussi sur les contacts et l’impossibilité de créer des liens, le contact se fait mais le lien non. C’est vrai, des contacts dans le scrabble nous en avons, mais combien de liens ? Très peu, quelques personnes. Les vrais liens nous les avons avec nos amis de toujours. Ce n’est pas que nous ne voulons pas, nous ne pouvons pas, trop tard, chacun à sa vie. Nous sommes aussi de plus en plus exigeants en matière d’amitié. Il nous arrive d’avoir des élans d’amitié, mais l’autre est-il réceptif ? Alors pour ne pas être déçus nous nous abstenons, et nous reprenons nos distances.
Alice Ferney cite aussi Truffaut, il paraît que ce cinéaste génial disait « Les gens qui aiment trop le cinéma, n’aiment pas la vie ». Est-ce vrai ?


Cet après-midi j’ai inscrit deux titres à lire « Les vieilles » de Pascale Gautier, le résumé incite à le lire, il doit être amusant, de plus elles jouent au scrabble ! Des vieilles dames veuves qui papotent, qui se plaignent, qui épient, et soudain une jeunette qui vient juste de prendre sa retraite fait irruption dans leur univers et perturbe tout. Ce livre est conseillé par Yveline.

« Les chaussures italiennes » d’Henning Mankell, d’après Sylvie scrabbleuse et grande lectrice, c’est un livre extraordinaire, émouvant, bien écrit, pour elle le plus beau roman lu jusqu’à présent. Mais ils ne sont pas encore en livres de poche. Il y a aussi le dernier Yasmina Khadra ….

Nous entendons beaucoup parler de la burqa. J’ai lu un article écrit par Elizabeth Badinter qu’on ne peut vraiment pas accuser de sectarisme, vous tapez sur google « Burqa, Elizabeth Badinter », elle exprime ce que je pense



Des dessins :

Ces pauvres kurdes qui arrivent en Corse, mais comment porter secours à tous les opprimés ?
Il faudra bien un jour que l’Europe arrive à solutionner ces problèmes que les états ne peuvent pas endiguer individuellement. L’Europe sert aussi à ça. J’ai les larmes aux yeux en regardant tous ces enfants qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.


Un autre sur le choix du programme télévisé
J’avais fait provision de dessins, mais l’actualité étant très riche, je ne peux pas tous les mettre.
Bye- MClaire.